La Créatique ou la Novatique se présente comme un bilan systématique des innovations et découvertes réalisées au cours de l’histoire. Cette carte du Savoir, organisée et exhaustive, devant permettre à l’homme d’accéder au " bonheur éternel des individus dans la société édénique " : la Culture - définie comme la masse sans cesse enrichie des inventions artistiques, philosophiques et scientifiques - est ici chargée de conduire l’humanité vers un monde meilleur, vers le Paradis répondant au mythe de " l’Age d’Or ". La Novatique est conçue comme une méthode de création. En examinant les conceptions antagonistes et en les faisant cohabiter au sein d’un système vaste et cohérent, Isidore Isou ne prétend pas seulement surmonter les conflits : il veut les rendre inconcevables, toute cause de désaccord devant disparaître au terme de son entreprise de mise en lumière... c’est en ce sens que La Créatique doit conduire à l’instauration d’une société "paradisiaque " : " Le moteur de l’évolution sociale n’est pas l’instinct de survie, mais la volonté de créer... Par la volonté de création, l’artiste va de la bave d’une existence inconsciente à l’éternité de l’histoire faite consciemment." (I. I.) Il y a du Dali chez Isou. La même mégalomanie [...] ; la même ambition [...] : Dali avait sa "méthode paranoïa-critique", Isou, fondateur du lettrisme, a sa "Créatique ou Novatique", dont l’énorme pavé qu’ " il publie aujourd’hui constitue la somme, la bible, fruit de plus de trente ans de recherches... " (Jean-Claude Perrier, Livres Hebdo, no 535, 21 novembre 2003.)